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Financement de la santé : et si on s'y prenait autrement ?

Par Patrick Errard (président d’Astellas France et trésorier du LIR)

Publié le 6 janv. 2016 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Le défi du financement de la santé, dans un contexte de tension croissante des comptes sociaux, est d'autant plus critique que le pays est confronté à des enjeux cruciaux en termes de santé publique, d'organisation des soins et d'amélioration de la prise en charge des patients.

Or la politique du rabot conduite, ces dernières années, au travers des lois de financement de la Sécurité sociale, fragilise tous les acteurs de la santé et compromet la capacité du système à engager sa mutation.

Ainsi, les hôpitaux sont asphyxiés par des contraintes budgétaires qui les obligent à des rationnements en personnel et en matériel. Les pharmaciens manquent des ressources nécessaires pour se déployer dans leurs nouvelles missions de santé publique. Les médecins libéraux n'ont pas le début d'une politique qui leur permette de développer leurs missions de prévention et d'accompagnement. Enfin, les kinés et les infirmières se voient questionnés sur leur nombre et le coût de leurs actes, sans que soit objectivé leur rôle essentiel dans la prise en charge d'une population vieillissante.

En somme, le rationnement budgétaire et l'enfermement de la décision politique dans l'annualité des lois de financement finissent par désespérer l'ensemble des acteurs de la santé, sans atteindre de manière décisive l'objectif recherché de retour à l'équilibre des comptes sociaux. Dans ce contexte, l'industrie du médicament jouit d'un triste privilège. Alors que le médicament représente 15 % des dépenses d'assurance-maladie, notre secteur est contraint chaque année de contribuer à hauteur de 50 % aux économies demandées aux acteurs de santé. Cette mécanique comptable de la régulation, dans le cadre d'enveloppes fermées, n'est évidemment pas soutenable à moyen terme pour nos entreprises.

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Ce constat doit interpeller les pouvoirs publics et les convaincre enfin de la nécessité d'introduire de la cohérence dans le système, afin de concilier l'objectif de maîtrise des dépenses et l'impérieuse nécessité de réformer notre système de santé.

Les industriels du médicament ont formulé, dès l'année 2014, des propositions fortes et structurées en matière de bon usage du médicament, de participation à des programmes de télémédecine ou de développement de la prise en charge des patients en ambulatoire, en particulier en cancérologie. En 2015, nous avons initié le déploiement d'une action en faveur de la prévention des accidents médicamenteux du patient âgé, qui mobilise en ce moment même les entreprises, en relation étroite avec les ordres et les syndicats de professionnels de santé, ainsi qu'avec les assureurs et organismes de prévoyance.

Nos entreprises, ne demandent rien d'autre que d'être associées, à leur juste place, à une vraie réforme du système de santé. Un système mieux structuré, plus efficient, et capable de tirer parti des formidables innovations thérapeutiques, numériques, organisationnelles, qui vont révolutionner l'approche des soins et de la maladie et transformer radicalement la prise en charge des patients, notamment dans le domaine du cancer ou des maladies rares.

La définition d'un nouveau modèle de financement de l'innovation en santé repose pour beaucoup sur la capacité de notre système à réviser ses schémas, à donner sa véritable chance à la prévention, à répercuter sur son organisation les effets cumulés des progrès en santé et des développements technologiques. La situation de notre système de soins, autrefois considéré comme le meilleur du monde, appelle aujourd'hui un choc de conscience de l'Etat et de tous les acteurs du système de santé.

Qu'attendons- nous ?

Patrick Errard

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